La rivière de sable était un gigantesque flot de sable mouvant ― c'est à dire, de l'eau mélangé à du sable ― qui était l'un des nombreux obstacles pour tout ceux qui tentait de voyager dans le désert. En effet, dès que l'on quittait la "sureté" de la forteresse des femmes du désert, on se retrouvait devant ce fleuve mortel, si on ne revenait pas sur ses pas à cause d'une tempête de sable quelconque! Étant très large, il n'était pas question d'y sauter par dessus ni même d'y construire un pont (le sable n'étant pas assez solide pour le tenir en place) ni même de le contourner (le fleuve partant du lac Hylia pour se terminer au domaine Zora... pour ensuite se déverser dans le lac Hylia!), la seule façon de se rendre de l'autre côté, c'était de le traverser, ce qui n'était pas facile : les sables mouvants sont mortels car la chose prise dedans ne peut n'en ressortir tout seul, il en reste prisonnier, ne peut bouger et... meurt. Les sables mouvants, c'étaient signe de mort pour tout le monde!
Sauf les Gerudos.
À force de vivre avec (et d'y avoir perdu beaucoup de femmes), les Gerudos apprirent le secret du sable mouvent qui, d'après elles, est très idiot : pour survivre dans les sables, il suffit juste de... ne pas bouger!
Dès qu'un homme sent qu'il est pris dans les sables mouvents, il se met à paniquer et bouge tous ces membres dans l'espoir de pouvoir regagner la terre ferme, mais lorsqu'il se débat ainsi, il crée un "vide" temporaire que le sable aqueux ne peut remplir, alors le membre reste pris dans une pâte qui devient soudainement solide. Pour pouvoir sortir d'un bassin de sable mouvents, il suffit juste de "faire la planche", rouler sur le sable jusqu'à ce qu'on soit sur "le sable ferme". Toute Gerudo apprenait cela à sa naissance, mais personne ailleurs à Hyrule ne connait ce petit truc de survie : après tout, il n'y avait que dans le désert que l'on pouvait trouver ces sables mouvants! Ce fleuve n'était connu que des peuples du désert (et aussi des personnes qui y mourraient, si vous croyez aux fantômes...) et, pour une autre race, le désert était l'inconnu.
Et Din sait comment l'inconnu peut être torturant pour l'esprit.
Aliena détestait se retrouver ici. Pourtant, elle l'avait acceptée de plein gré, mais elle ressentait toujours une peur bleue face à cette rivière et cette peur s'accentuait grandement en s'y retrouvant dessus, même s'il y avait une planche de bois sous ses pieds et que ses amies la tenaient, en arrière d'elle et qu'elles étaient prêtes à tout instant pour la sauver. En réalité, elle avait aussi peur que l'homme qui était juste en avant d'elle, mais elle ne le monterait pas ― cela ne fait pas très sérieux pour une tortureuse! ― et cela devait être justement pour cela qu'elle était choisie (et aussi sûrement pourquoi elle acceptait) pour pousser les hommes sur la planche, jusqu'au centre de la rivière, et de le faire sauter dedans : parce qu'elle ne montrait jamais sa peur.
Bon sang que Din sait comment elle déteste ce genre de situation!
C'était sûrement l'une des tortures qu'elle détestait le plus ― la seule, en ce moment-là ― et qu'elle trouvait les plus inutiles. Cela consistait à pousser le torturé dans la rivière, de lui répéter que sa mort va être horriblement longue et pénible, qu'il n'y a AUCUN moyen de s'en sortir et qu'il va souffir énormément. Généralement, l'homme se mettait à pleurer, mais Treï s'en fichait pas mal qu'il pleure, elle voulait juste que la personne avoue quelque chose ou qu'elle saute. Si elle sautait, on attendait que la personne avoue quelque chose, alors dans ce cas-là, on la repêchait (les Gerudos ne sont pas si horribles que ça, tout de même!). Dans le cas contraire, on la regardait disparaître dans les sables. C'était uniquement dans ce cas-là qu'Aliena s'enjouait de la scène, puisqu'elle pouvait retourner sur le sable sûr.
Pas comme maintenant!
L'homme en question s'était introduit dans la base et les jolies rousses cherchaient à savoir ce qu'il avait l'intention de faire, mais il ne voulait rien dire, alors on était avenu à utiliser cette torture, mais même encore là, il ne voulait absolument rien faire! Il était vraiment entêté à rester là et à ne pas bouger! Même en effonçant la pointe de son arme dans son dos, même en déchirrant ses veines, il ne voulait pas avancer, ni même parler. Il était comme une statue : visage de mabre, immobile, regard distant, vraiment, la torture s'était retournée contre Aliena. Cela faisait de longues minutes qu'ils étaient sur cette satanée de planche et le **** voulait vraiment passé le restant de sa vie sur cette ****! Aliena suait beaucoup et sa voix commençait même à trembler ― juste un peu, bien sûr.
- Tu... Tu vas avancer, oui? La tempête va bientôt arriver et ça va être encore plus pénible!
L'homme ne répliqua pas ― quelle surprise! Treï ne savait ce qu'il regardait au loin comme cela, mais c'était vraiment énervant de se faire ignorer ainsi! Aliena n'avait jamais fait face à une telle situation auparavent. Que fallait-il faire? Attendre qu'il se décide, le pousser, même s'il résiste, qu'elle pouvait tomber pendant la tentative ou prendre la fuite et le laisser là dans le désert? Dans ce cas-là, on ne pourrait pas savoir pourquoi il est venu ici...
Non mais... C'est vrai, quoi! Pourquoi s'entêtaient-elles tant à savoir ce qu'il faisait ici? Qu'est-ce qu'elle avait, sa supérieure, à vouloir sa mort? Ce n'était pas comme si cet idiot là était un fou dangeureux! C'était plutôt elle, la folle dangeureuse, pour la laisser là, toute seule, avec cet idiot de première, sur ce fleuve, alors qu'une tempête s'approchait. D'ailleurs, Treï s'était retournée vers elle, alors qu'elle pensait à elle, sans s'en rendre compte.
- Allez, Aliena! Tues-le!
- Tues... le? firent les lèvres de la Gerudo, sans qu'un son en sorte. Elle baissa le regard, puis lentement, elle reporta son attention sur l'Hyrulien, qui avait sûrement du fait quelque chose de très grave pour que sa supérieure lui souhaite la mort.
- Écoutez... Je ne sais pas ce que vous lui avez fait, mais tou―
- C'est la mère de mon enfant. fit l'homme en lui coupant la parole, toujours aussi immobile, avec son regard toujours aussi lointain. Aliena en fut bouche bée. Que... Il avait traversé toutes les plaines dans la seule intention de voir sa propre fille? Comment... Il devait être... fou! Voyons! Personne n'oserait risqué sa vie dans la seule intention de voir sa progéniture vivre une vie "immorale" comme ils le disaient chez eux, les non-Gerudos!
- Mais bon sang! Qu'est-ce qu'il vous a pris de venir ici? Vous saviez que―
- Je savais que j'allais mourrir même si je ne venais pas ici. Je suis malade, il ne me reste plus que quelques heures à vivre. Tout ce que je voulais, c'est voir ma seule et unique enfant.
Aliena tourna la tête vers sa supérieure, qui était visiblement très enragée. Comment... Comment expliquer... Sa fille n'a jamais vu le jour... Sa supérieure avait fait une fausse couche... Il était venu ici pour le rien... Mais comment a-t-il su qu'elle était enceinte? D'habitude... C'est impossible à le savoir, même les voleuses ne savaient qui était le père de leurs filles... Peu importe, elle avait des fourmis dans ses jambes et elle était très fatiguée de tenir la même pose. Aliena reporta une dernière fois son attention sur le père mourrant, lui annonçant que sa fille n'était pas là... Sans en dire plus
- Je vois... Elle aurait dû avoir 2 ans, au moins.
- Euh... Quoi? Je―
- Je savais, en quelque sorte, que je ne la verrais pas ici... Peu importe, je la verrais là-haut...
- Je... Quoi!?
Mais il était trop tard pour faire quoique ce soit; l'homme s'était jeté dans la rivière et il ne remonta même pas à la surface. Il s'était... suicidé, elle devait croire. Elle crut avoir passé là des heures, à fixer la rivière, mais en réalité, les Gerudos s'étaient empressée à la ramener sur le sol ferme, laissant la planche là, rentrant en vitesse à l'intérieure de la base, traînant derrière elle une Aliena boulversée. Elle sauta l'heure du repas, ne quittant pas son tabouret dans un coin, profondément déstabillisé par ce qui c'était passé, y passant des heures à y fixer le vide, immobile comme l'homme l'avait été.
- Tu as fait du bon boulot là-bas, Aliena. fit sa supérieure alors qu'elle passait dans le coin. Aliena releva la tête lentement vers elle, ne saissisant pas très bien le sens de ces paroles.
- Ce n'était qu'un sale têtu et tu as quand même réussi à le pousser au bout. Même moi je n'aurais pas été capable de le faire! Tu t'es vraiment améliorée, tu fais une très bonne tortureuse! Je suis très fière de toi, mais va! Il est presque mi-nuit, tu devrais prendre du repos, demain nous aurons une dure journée.
Aliena hocha de la tête, même si elle n'avait pas vraiment écouté ses paroles, mais compris tout de même que la journée était fini et qu'elle devait dormir....